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09 septembre 2013

GREVES ET MANIFESTATIONS DEMAIN 10 SEPTEMBRE, A L'APPEL DE CGT - FO - FSU - SOLIDAIRES

Réflexions du philosophe Lucien Sève. « La bataille de la retraite est une vraie lutte des classes »

 

Alors que plusieurs syndicats appellent à manifester ce mardi 10 septembre contre la réforme des retraites du Gouvernement, le philosophe Lucien Sève estime que c'est la place et le rôle du retraité qu'il faut repenser en profondeur. Et appelle à jeter les bases d'une « troisième vie » dans laquelle le retraité jouerait un rôle majeur et actif à visée émancipatrice dans la société. Loin de toute exploitation.

La Marseillaise. Salariés et retraités seront dans la rue le 10 septembre pour s'opposer à la réforme des retraites telle qu'elle est annoncée par le Gouvernement. On nous redit, comme à chaque fois : « on vit plus longtemps, il est normal qu'on travaille plus longtemps », et c'est bien ce à quoi tend l'allongement de la durée de cotisation. Vous insistez sur un autre aspect de la question . le bien-vieillir. Qu'est-ce à dire ?

Lucien Sève. Permettez que d'abord je revienne sur cette fameuse phrase censée justifier l'attaque contre nos retraites. C'est comme ça que se mène toute politique anti-populaire : d'abord, on intimide en matraquant avec un slogan bien trouvé (par exemple « le coût du travail ») ; et alors, carte blanche pour le pire. Nous n'attaquons pas assez cette apparente évidence (« on vit plus longtemps, on doit travailler plus longtemps ») qui est en fait une double mystification.

D'abord, on vit plus longtemps justement parce qu'on travaille moins longtemps que jadis ; faire travailler plus longtemps, c'est réduire la durée moyenne de vie, comme le démontre la très forte différence d'espérance de vie entre salariés d'exécution et non-travailleurs. Ensuite, et c'est là le plus mystificateur, de plus en plus les retraités travaillent bel et bien -tâches domestiques, bénévolat social, activités créatrices…-, mais librement, et non plus pour un patron ! Le travail libre ne tue pas, au contraire il fait vivre. Tout est là. Ce que dit en sous-main le slogan, c'est donc : on vit plus longtemps, donc on doit être exploité plus longtemps. Voilà le scandale. Travail libre ou travail exploité ? C'est le cœur de la question. Une question à fort contenu de classe.

La Marseillaise. Venons-en au « bien-vieillir ». Vous mettez en cause l'approche de toute la question des retraites en termes d'âge, l'appellation,de « seniors »… Mais n'est-ce pas l'identité du système de retraite à la française, à savoir que les « actifs » d'aujourd'hui cotisent pour les retraités ?

Lucien Sève. C'est qu'il y a un vrai jeu de mots sur le âge. Si je dis : soixante ans doit être l'âge du droit à la retraite, ici âge est simplement un repère temporel. Mais quand on dit : les retraités sont des gens d'âge, âge devient une qualification psychique, ce seraient des vieux nécessairement voués à l'oisiveté, à l'inactivité, de simples bouches à nourrir, bien lourdes pour la nation… C'est ce second sens du mot âge qu'il faut radicalement critiquer. L'extraordinaire mutation à la fois sanitaire et sociale qui s'est engagée, c'est qu'après soixante ans s'ouvre pour beaucoup non pas ce qu'on appelle « le troisième âge », c'est-à-dire une survivance diminuée, mais une troisième vie à part entière, plusieurs décennies au cours desquelles, au sein même de cette invivable société capitaliste à bout de souffle, commence à devenir possible pour un nombre croissant d'hommes et de femmes une existence active désaliénée. Nous vivons les débuts d'une formidable émancipation possible de l'existence humaine, où après la « vie de travail », on veut dire par là la vie exploitée, peut s'ouvrir pour de plus en plus d'individus une longue vie d'activités non exploitées, une vie pleinement pour soi et pour les autres. C'est cette magnifique mutation commençante qui est en jeu. La réforme en cours du système de retraite signifie concrètement que la plus grande part de l'espérance supplémentaire de vie serait confisquée par le capital aux salarié-e-s. C'est intolérable.

La Marseillaise. Mais la frontière entre « actifs » et « inactifs » n'est-elle pas le fruit de décennies durant lesquelles la condition de retraité a été résumée au repos bien gagné après le devoir accompli, à l'oisiveté ? Quelle condition nouvelle devrait-on envisager pour le retraité nouveau ?

Lucien Sève. Ici encore, attention aux jeux de mots involontaires. Cette distinction des « actifs » et des « inactifs » est en effet à la base de notre système de retraite par répartition, mais en un sens purement institutionnel : est dit actif le travailleur salarié qui cotise pour le retraité appelé inactif en ce seul sens qu'il a cessé d'être lui-même travailleur salarié. A cela il n'est bien entendu pas question de toucher.

Mais dans le sens général de ces adjectifs, rien ne voue le retraité à être un inactif, en entendant par là un improductif, un inutile, et ce qui se passe sous nos yeux est justement que de plus en plus de femmes et d'hommes retraité-e-s ne font pas que jouir d'un repos souvent très chèrement gagné, se distraire, voyager…

Beaucoup tiennent à se rendre activement utiles et le sont effectivement. Qu'en serait-il par exemple de notre vie municipale, associative, solidaire sans la très considérable participation des retraité-e-s ? Et de la vie familiale des rapports avec les enfants ? Et de bien d'autres choses importantes, comme la transmission de l'expérience professionnelle et sociale ?

En ce sens, il importe hautement de cesser de les appeler « inactifs », désignation légale susceptible d'accréditer une vraie falsification sociale. Le revenu qu'est la retraite n'est pas une aumône pour individus socialement à charge, c'est une rémunération justifiée pour pleine citoyenneté.

La Marseillaise. Le fait que le temps de retraite soit « hors-salariat », donc « hors-exploitation », selon les vues marxistes, pourrait-il favoriser un nouveau rôle du salarié dans la société ? Si oui, pourquoi n'en va-t-il pas ainsi actuellement ?

Lucien Sève. Bien sûr que ça pourrait et même devrait le faciliter ! L'allongement de l'espérance de vie active exige de penser et d'organiser autrement le temps de retraite. Et d'abord il faut entendre autrement le mot même de retraite. D'origine, il dit un retrait de la vie active, une mise à l'écart, un renoncement à la vie plénière. Le retraité en a le droit, si c'est son libre choix. Mais de plus en plus le mot peut et doit dire tout autre chose : une troisième vie traitée autrement, retraitée comme on retraite un minerai… Un retraitement de l'existence où l'on puisse enfin longuement faire ce qu'on a envie de faire et que la vie exploitée a empêché de faire… C'est un droit imprescriptible de toute personne, si du moins notre monde est civilisé. Et l'assurer vraiment exige toutes sortes de choses qui à mon sens doivent faire aussi partie de la bataille pour nos retraites. Par exemple, une troisième vie humainement riche ça se prépare, ça présuppose d'acquérir de nouveaux savoirs et savoir-faire, de former de nouvelles motivations.

A cet égard, la façon dont ce capitalisme à bout de souffle maltraite aujourd'hui les quinquagénaires est un scandale, on leur gâche l'existence, on les licencie, on leur refuse toute formation, etc…, cela juste au moment où ils ont à préparer leur troisième vie, chose aussi essentielle que la formation initiale… L'être humain est aujourd'hui aussi maltraité que la planète Terre, je trouve qu'on ne le dit pas assez. Il ne suffit pas d'être écolo, il faut du même mouvement être anthropolo…

La Marseillaise. Dans quelle mesure la bataille pour ce que vous appelez la troisième vie s'apparente-t-elle, selon vous, à une bataille de classe ?

Lucien Sève. Empêcher qu'on dégrade davantage encore notre système de retraite et même passer à l'offensive pour y apporter toutes les améliorations dont il a tant besoin, c'est se battre pour que demain vingt millions de retraité-e-s accèdent à une vraie troisième vie soustraite à l'emprise directe du capital. C'est une affaire colossale. N'ayons pas peur du mot : c'est bien plus que simplement revendicatif, c'est proprement révolutionnaire. C'est même ça, aujourd'hui et demain, la révolution : créer au présent un rapport des forces qui permette de changer sans attendre des rapports sociaux fondamentaux dans un sens émancipateur. Si nous hésitons à voir dans cette bataille de la retraite une vraie et grande lutte de classes, le capital financier, lui, n'hésite pas : il se donne à fond pour la gagner en son sens. Oui vraiment, grande bataille de classe. Qui mérite que nous fassions un premier vrai succès du 10 septembre.

Entretien réalisé par Sébastien Madau (La Marseillaise, le 8 septembre 2013)

10:21 Écrit par poutargue dans localité, National | Commentaires (0) | Lien permanent |  Facebook |

SECURITE. APRES LA TABLE RONDE A MARSEILLE, LA REACTION DE J.M COPPOLA.

Éclairante semaine de rentrée à Marseille. Communiqué de presse Jean-Marc CoppolaIMG_0099.JPG

Samedi 7 septembre 2013, une Table ronde est convoquée en Préfecture pour sceller, à la demande du Ministre de l’Intérieur, un « Pacte républicain de sécurité et de cohésion sociale ». Comme si le problème résidait dans les « dissensions »entre élus locaux. Des dissensions existent au sein du Parti socialiste, mais cela nécessiterait un pacte socialiste plus qu’un pacte national. Et des désaccords politiques existent sur le diagnostic et les solutions et cela appelle un large débat citoyen. Nous avons eu une table ronde dont les conclusions semblaient écrites à l’avance.

Conclusion : des petites phrases assassines entre élus socialistes, la mise en place d’un « comité de suivi » et une nouvelle visite du Premier Ministre à Marseille mi-octobre pour annoncer une série de mesures.

Pourtant le 4 septembre 2012, voici un an, après un 9ème règlement de compte, un comité interministériel s’était déjà tenu à Marseille annonçant une série de mesures, dont la principale était la mise en place d’une Métropole, comme le remède miracle à tous les maux de Marseille et de ses environs. Coup réussi, puisque que durant les mois qui ont suivi, l’essentiel du débat sur la décentralisation a été focalisé sur ce sujet. Rien sur l’état des collectivités qui gèrent avec de plus en plus de difficultés, les écoles, les collèges, les lycées, les transports, l’économie, bref le quotidien.

Pourtant la venue prochaine de Jean-Marc Ayrault mi-octobre était déjà prévue depuis plusieurs jours pour ramasser les copies du Préfet Théry sur les prémices de la Métropole, et les copies de la Région sur les grandes priorités du prochain Contrat de Plan.

Ces quelques éléments montrent à quel point l’insécurité à Marseille, pas plus importante cette année qu’en 2012 ou 2011, est instrumentalisée en transformant des faits divers en faits de société et en évènements nationaux, pour trouver un sujet d’intérêt électoral, pour jouer sur les peurs, éviter le débat démocratique sur les sujets qui intéressent les marseillaises et les marseillais, se poser en « Zorro » ou en « Chef d’armée », et surtout ne pas amener de véritables réponses aux problèmes de fond posés.

Pour moi, l’attitude du gouvernement, devant une droite locale médusée à qui l’on a chipé son hochet « le tout sécuritaire », est grave et dangereuse.

Grave car le pouvoir national en place et ses relais locaux ne veulent pas changer de cap dans la politique de baisse des moyens publics et le Pacte national est en fait un Pacte de renoncement et d’austérité que les populations, les partis et les élus devraient subir, accepter, et mettre en œuvre.

Dangereuse car l’absence de débat contradictoire de fond permettant de déboucher sur des réponses aux défis actuels, l’absence de courage politique à faire des choix de justice sociale, la non volonté politique de s’attaquer aux causes de la pauvreté, du chômage, de la précarité, fait le jeu du FN.

Trois exemples pour illustrer cette affirmation : le suicide d’un enseignant d’un lycée de Marseille la veille de la rentrée et l’absence de prise en compte des revendications des syndicats et d’un collectif de parents issus des quartiers nord.

La Table ronde aurait dû traiter de ces trois sujets, il n’en a rien été.

L’enseignant au geste désespéré a laissé une lettre dénonçant les dysfonctionnements d’une école qui fabrique du mal-être chez les enfants et parmi les adultes. Quelle suite est donnée à ce message concret et lucide ?

Les syndicats des hôpitaux publics font des propositions permettant de soigner efficacement et dans de bonnes conditions. Quelle prise en compte y a-t-il par les autorités ?

Le collectif des quartiers nord a déposé en préfecture une plateforme revendicative sur l’emploi, l’éducation, le logement, les transports, la police de proximité…Quel traitement les représentants de l’Etat réservent-ils à ces idées concrètes ?

Trois exemples tirés de l’expérience, du vécu quotidien, de leur expertise, des souffrances et des espérances.

La célérité avec laquelle s’est tenue la Table ronde après le quinzième règlement de compte et l’absence totale de traitement de ces trois sujets lors de cette « grand messe », -la sénatrice communiste à la table ronde ayant été quasiment censurée- en dit long sur l’instrumentalisation de l’insécurité.

Le sujet crucial à traiter sur le fond, rapidement, de manière citoyenne avec les acteurs concernés, c’est l’insécurité sociale et les inégalités à Marseille.

Mais pour le régler il faut y mettre les moyens. Pas sûr que le gouvernement en soit autant convaincu que d’aller faire la guerre à la Syrie.

Avec le Front de gauche, j’ai ouvert des espaces de débats pour construire avec les marseillaises et les marseillais, un vrai projet pour Marseille, portant plus loin que les élections municipales de mars 2014. Nous allons continuer.

Jean-Marc Coppola
Vice-président Front de Gauche de la Région
Conseiller municipal de Marseille
Chef de file des communistes aux élections municipales de Marseille

Marseille le 8 septembre 2013

09:54 Écrit par poutargue dans localité, National | Commentaires (0) | Lien permanent |  Facebook |

07 septembre 2013

METROPOLE. MANIFESTATION A MARTIGUES POUR EXIGER UN REFERENDUM.

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10:51 Écrit par poutargue dans localité, National | Commentaires (1) | Lien permanent |  Facebook |

05 septembre 2013

Syrie: "Ne cédons pas à la tentation de la guerre" réaffirme André Chassaigne

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Le président du groupe des députés du Front de gauche (FG), a répété mercredi à l'Assemblée nationale être "vigoureusement opposé" à toute intervention en Syrie, même en cas de preuves irréfutables de l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien. "En ce moment d’Histoire, les députés du Front de gauche, fidèles à leurs convictions, se veulent porte-voix de la Paix face aux pulsions guerrières et aux passions vengeresses" a souligné l'élu communiste.

 "Une intervention militaire n'apportera pas de solution (...) et rendrait au contraire plus difficile une solution politique", a estimé le député PCF du Puy-de-Dôme, ajoutant que "même s'il existait des preuves irréfutables (de l'utilisation d'armes chimiques par Bachar al-Assad, ndlr), ça ne doit pas mécaniquement justifier une action militaire". Il a jugé qu'une action de la France en Syrie sans le mandat des Nations-Unies serait d'une "extrême gravité" et "ne grandirait pas la France". "La France ne doit pas s'inscrire dans une position illégale. On reste très attaché au rôle de l'ONU", a-t-il affirmé, expliquant que "s'aligner derrière les Etats-Unis diminuerait le poids de la France et son importance diplomatique".

L'élu communiste estime que seule "une solution politique" qui associerait "autour d'une table" tous les acteurs permettrait une sortie de crise. André Chassaigne s'est également déclaré en faveur d'un vote du Parlement sur une éventuelle intervention militaire de la France, avant celui du Congrès américain prévu pour le 9 septembre. "Nous ne sommes pas des marionnettes", a souligné le député.

Présent lors de la réunion d'information des parlementaires à Matignon lundi, il s'est dit "dubitatif" sur les preuves présentées par le Premier ministre, prévenant que la même démonstration avait "déjà été faite avec l'Irak en 2003". "Même si nous n'avons aucune confiance en al-Assad: il est capable, d'ailleurs c'est sans doute lui, d'utiliser des armes chimiques", a-t-il ajouté.

Quel argent pour la guerre ? 

C'est une question qui est posée par nombre de nos concitoyens défavorables (3 français sur 4) à une nouvelle guerre. Comment justifier une telle intervention qui est non seulement insensée politiquement et ne réglera en aucune façon ni la situation des populations en Syrie, ni celle d'une région à haute tension ? Ce qui risque d'éloigner la paix nécessaire pour des décennies au Moyen Orient. Mais de plus, alors que le budget militaire est lui aussi en régression dans le cadre de la baisse des dépenses publiques gouvernementales, où va-t-on prendre l'argent (des millions par jour comme on l'a vu par ailleurs) pour financer une nouvelle "expédition punitive" , alors que celui-ci manque cruellement pour l'éducation, l'emploi public, la formation, la culture, le logement, etc ?

Alain CROCE

02 septembre 2013

INTERNATIONAL. SYRIE, UN DEBAT NATIONAL S'IMPOSE.

64 % DES FRANCAIS OPPOSES A UNE INTERVENTION MILITAIRE (sondage BVA pour i-Télé - CQFD et le Parisien).
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Syrie. Pierre Laurent réclame « Un débat national »

 

Pierre Laurent, numéro un du PCF, a demandé au Président François Hollande un débat parlementaire sur la situation en Syrie. Le Sénateur et Secrétaire national a, dans une lettre au Chef de l'État, souhaité qu'une information des élus et une discussion sur cette crise soient inscrites en priorité à l'ordre du jour de la session extraordinaire qui commence le 10 septembre, a précisé Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti.

Dans ce courrier, Pierre Laurent exprime la « vive préoccupation » des communistes face aux développements de la situation en Syrie.

 

Les failles de l'Empire, l'édito-web de Patrick Apel-Muller (Huma)

 

Aucun des dirigeants des grandes puissances occidentales n'en doutait. La Grande-Bretagne comme lors des précédentes campagnes serait au premier rang des frappes en Syrie. Son Premier ministre, en avait même négligé les avertissements qui montaient des rangs des conservateurs même.

Après le vote aux Communes, à moins de violer les traditions démocratiques de son pays comme il s'apprêtait à le faire de la légalité internationale, David Cameron ne peut passer outre. Barack Obama est donc confronté à un cruel dilemme : revenir en arrière et remettre au premier plan les solutions politiques au conflit syrien ; refuser de se déjuger et, en attaquant quasiment seul, replacer les Etats-Unis comme l'objet d'une hostilité générale dans le monde. Ce serait l'échec de sa stratégie internationale entamée depuis six ans.

Les difficultés ne sont pas moindres pour François Hollande. L'épisode Snowden et l'interdiction de survol signifiée à l'avion du président bolivien avait témoigné d'un alignement peu glorieux sur les indications tordues de la CIA. L'acceptation du rôle d'auxiliaire des forces étasuniennes attenterait fortement à l'image de la France et à sa crédibilité internationale.

Le vote britannique – aujourd'hui Albion n'a plus rien de perfide – oblige à sortir de la violence sommaire des bombardements pour construire une réponse politique et humanitaire à la dramatique situation syrienne. S'il est prouvé sans conteste que Damas a ordonné les bombardements aux gaz toxiques, ce crime devra trouver une réponse à l'ONU. Elle ne peut être au prix d'un embrasement général de la région et de centaines de milliers de victimes supplémentaires. Les négociations de Genève II doivent être relancées sur des bases qui permettent de renouer des partenariats avec les Russes et les Chinois. 
Face à Bachar Al Assad, les grandes puissances doivent isoler les troupes d'Al Quaïda et mettre en avant les forces démocratiques. Elles existent. Les foyers de tension régionaux – au premier rang desquels l'insupportable sort fait au peuple palestinien – doivent mobiliser les chancelleries pour une action résolue. Il est temps de sortir des postures morales à géométrie variable (1). Le chantier est immense. Il peut éviter la multiplication des charniers.

(1) On se souviendra utilement qu'en 1983, lorsque les troupes de Saddam Hussein ont utilisé les gaz toxiques contre les soldats iraniens, le gouvernement français qui comptait alors des ministres d'aujourd'hui est resté discret. Comme celui de 1988 qui réunissait des ténors de la droite n'a rien dit quand Ali le Chimique massacrait les Kurdes...

08:57 Écrit par poutargue dans International, National | Commentaires (0) | Lien permanent |  Facebook |