Quel est votre premier souvenir de « la Marseillaise » ?
Dans la lutte, très jeune. J’ai commencé à travailler à la Poste à l’âge de 18 ans et j’ai participé à une longue grève de près de 40 jours, en 1974. Je ne connaissais la Marseillaise que de nom et pendant cette période, j’ai commencé à la lire quotidiennement. Je n’ai jamais arrêté depuis.
à cette époque, nous étions dans un monde où il y avait quatre quotidiens régionaux. Mais seule la Marseillaise relayait fidèlement les luttes que nous menions. Le quotidien couvre toujours de manière importante les mouvements sociaux qui sont décriés par d’autres... C’est encore aujourd’hui le seul à défendre les personnels qui travaillent sous statut, les sans-grades, les sans-papiers ou les précaires.
Cela vous a aidé de quelle manière ?
Le journal a pris des risques. C’est le premier, par exemple, à avoir abordé la question des précaires embauchés par la Poste. Il avait publié la photo de l’un d’eux qui faisait une tournée sans même une sacoche. Nous nous étions appuyés sur cette photo pour dénoncer pareilles conditions de travail. C’est également lui qui a révélé, dans les années 80 - 1985 pour être précis - l’existence de centres privés mis en place en parallèle lorsqu’il y avait des grèves...
Les liens entre les postiers et le journal sont privilégiés, les premiers ont grandement participé à la création du Mondial.
En effet, les Postiers se sont toujours beaucoup engagés pour la Marseillaise. D’ailleurs Pierre Andréis, journaliste et ancien responsable de la rédaction des sports de la Marseillaise, décédé le 2 mars, avait commencé comme télégraphiste à la Poste Colbert à Marseille. Pierre Andréis est l’un des fondateurs du Mondial la Marseillaise à Pétanque avec Henri Emiren, postier et délégué CGT de cette même poste Colbert, qui a mobilisé une équipe de militants sportifs du CSPTT, pour organiser ce qui s’appelait à l’époque « le Ricard - la Marseillaise ».
En tant qu’élu local cette fois-ci, comment considérez-vous le rôle de la presse ?
C’est évidemment plus difficile pour la Marseillaise comme pour les autres de couvrir toutes les localités. C’est une problématique qui se pose à l’échelle de toute la presse aujourd’hui comme pour demain. Mais c’est un vrai manque, cela se ressent. Avec un danger principal, celui de laisser se répandre des informations non vérifiées ou, pire de fausses informations. Et quand on voit la vitesse de propagation et les proportions que cela peut prendre... cela peut être terrible.
Vous estimez donc que le rôle de la presse écrite reste essentiel.
Oui car on est en train de nous kidnapper notre droit à s’informer, à la communication, à la réflexion à partir d’éléments concrets et vérifiés. Comme le disait Jaurès lors qu’il fonda l’Humanité, « se donner les moyens de comprendre et de juger les événements du monde ». C’est une liberté que de se faire sa propre opinion.
Les réseaux sociaux ont-ils changé votre façon de faire de la politique avec les citoyens ?
En tant qu’élus nous sommes très attentifs, ça part très vite. Dernièrement, par exemple, la Marseillaise a consacré un article au « dernier laitier » de Gignac-la-Nerthe, il y a eu des centaines de commentaires sur les réseaux sociaux et un bel élan de solidarité. à l’évidence, la presse a un rôle très important à jouer. Il est de la plus haute importance que la Marseillaise résiste et vive. Je serai effrayé que dans le paysage national et régional, l’Humanité et la Marseillaise viennent à disparaître car ces titres véhiculent des raisons d’espérer.
Propos recueillis par Sylvain Fournier