01 mai 2015
A L'ORIGINE DU 1 er MAI...LUCY PARSONS DE CHICAGO
À l'origine du 1er Mai : Lucy Parsons,
la veuve des martyrs de Chicago
En hommage aux cinq martyrs de Chicago, le Congrès des ouvriers socialistes qui se tenait à Paris en 1889 instaura le 1er mai comme la Journée internationale des travailleurs et des travailleuses. L’année suivante, cette journée fut commémorée pour la première fois. Lucy Parsons était déjà connue comme la « veuve mexicaine des martyrs de Chicago ». Fille d’un Indien de l’Alabama et d’une Mexicaine noire, Lucy Gonzalez naquit esclave en 1853, dans un hameau du Texas, un territoire qui, cinq ans plus tôt, faisait partie du Mexique. Orpheline à trois ans, on l’envoya dans les champs de coton dès qu’elle fut en mesure de travailler. À dix-neuf ans, elle épousa Albert Parsons. Quasiment considérés comme un couple illégal, car la mixité raciale était pratiquement interdite dans les États du Sud, ils faisaient partie du petit nombre d’activistes pour le droit des Noirs. Pour ces deux raisons, les menaces de mort à leur encontre les obligèrent à partir pour Chicago en 1873. Pour survivre, Lucy confectionnait des vêtements pour femmes et il travaillait dans une imprimerie. Elle se mit à écrire pour des journaux syndicaux, sur des sujets tels que le chômage, le racisme, ou le rôle des femmes dans les organisations politiques.
La militante Lucy fut très bien accueillie par les ouvrières, notamment dans les fabriques textiles, là où l’exploitation était la plus féroce. Avec le soutien d’Albert, elle participa à la création de l’Union des femmes ouvrières de Chicago, reconnue en 1882 par l’Ordre des nobles chevaliers du travail. Un grand triomphe : jusqu’alors, le militantisme féminin n’était pas admis.
La lutte pour la journée de huit heures devint la principale revendication nationale. Les travailleurs appelèrent à une grève pour le 1er mai 1886. Lucy et Albert défilèrent avec leurs enfants. Ils étaient tendus et prudents : dans l’éditorial du Chicago Mail, Albert et un autre compagnon de lutte étaient taxés de « dangereux voyous en liberté ». Et le journal exigeait : « Dénoncez-les aujourd’hui. Ne les perdez pas de vue. Signalez-les comme personnellement responsables de toute difficulté qui pourrait survenir. » À Chicago, où les conditions de travail étaient pires que dans d’autres villes, les grèves et les mobilisations se poursuivirent.
Le 4 mai, lors du rassemblement organisé au Haymarket Square, Albert prit la parole. Il restait quelque deux cents manifestants sur la place lorsque la police chargea. Une bombe de fabrication artisanale explosa, tuant un officier. Les forces de l’ordre ouvrirent le feu. On ne connut jamais le nombre exact de morts. L’état d’urgence et le couvre-feu furent décrétés. Les jours suivants, des centaines d’ouvriers furent arrêtés. Certains furent torturés. Sur les trente et une personnes mises en examen pour l’affaire de la bombe, huit furent incriminées. Le 21 juin, le procès débuta. Après s’être entretenu avec Lucy, Albert se présenta face à la cour pour déclarer : « Vos honneurs, je suis venu afin que vous me jugiez avec tous mes compagnons innocents. » Le procès ne fut qu’une mascarade, aggravée par la campagne de diffamation lancée par la presse. Ce fut un véritable lynchage. Le jury déclara les huit accusés coupables. Cinq, dont Parsons, furent condamnés à mort par pendaison.
José Marti, futur apôtre de l’indépendance de Cuba, assistait au procès. Le 21 octobre, dans un article publié par le quotidien argentin la Nacion, il décrivit le comportement de Lucy lorsque la sentence fut prononcée : « La mulâtresse de Parsons est là, inflexible et intelligente comme lui, celle qui ne cille pas des yeux même dans les pires situations, qui parle avec une vibrante énergie dans les rassemblements publics, qui ne s’évanouit pas comme les autres, qui ne laisse apparaître aucun mouvement sur son visage lorsqu’elle entend la condamnation féroce (…). Elle appuie une joue contre son poing fermé. Elle ne regarde pas, ne répond pas ; on remarque un tremblement croissant de son poing… »
Pendant presque un an, Lucy, accompagnée de ses enfants, parcourut le pays pour faire connaître la vérité, suscitant un immense mouvement de solidarité. Mais le 11 novembre 1887, la sentence fut exécutée. « Tu es une femme du peuple, et je te confie au peuple… » lui a écrit Albert avant de mourir. Les patrons appliquèrent la journée de huit heures. Le sacrifice des martyrs ne fut pas vain. Après la mort de son époux, Lucy continua à organiser les ouvrières. En juin 1905, lors de la création de l’Organisation des travailleurs ouvriers du monde, à Chicago, parmi les douze femmes présentes, Lucy fut la seule à prendre la parole. « Nous autres, les femmes de ce pays, nous n’avons aucun droit de vote. Le seul moyen est de prendre un homme pour nous représenter (…) et cela me paraîtrait étrange de demander à un homme de me représenter (…). Nous sommes les esclaves des esclaves… » Elle répétait que la libération des femmes n’aurait lieu qu’en luttant avec les hommes pour l’émancipation de la classe ouvrière. À quatre-vingts ans, elle continuait à conseiller, à former. En février 1941, à quatre-vingt-huit ans, elle fit sa dernière apparition publique et l’année suivante, déjà aveugle, elle fut surprise par la mort dans l’incendie de sa maison. Même morte, la police la considérait encore comme une menace, « plus dangereuse que mille insurgés » : ses milliers de documents et livres furent saisis.
Hernando Calvo Ospina Auteur de Latines, belles et rebelles, aux Éditions le Temps des Cerises. 2015, 200 pages, 15 euros.
18:36 Écrit par poutargue dans International, National | Commentaires (0) | Lien permanent | Facebook |
29 avril 2015
JOURNÉE DU SOUVENIR ET DE LA DÉPORTATION A GIGNAC LA NERTHE.
Dimanche 26 avril 2015, le 70 ème anniversaire de la Déportation a donné lieu à une cérémonie du souvenir déclinée en deux lieux différents. Le défilé, porte drapeaux en tête, est parti de la place de la mairie et s'est rendu tout d'abord au Monument aux morts dans le vieux cimetière.
Le maire Christian Amiraty est intervenu en rappelant la signification de cette journée du souvenir, afin que les générations n'oublient pas l'horreur de la déportation sous le joug nazi fasciste. Au nom de la Fédération des Déportés, Christine Potard (fille d'Emile Balaguer déporté gignacais) a lu le message national de la Fédération.
Le cortège s'est rendu en suite à la Stèle Marcel Paul pour une deuxième cérémonie à la mémoire de Marcel Paul, ancien ministre communiste de la Libération, résistant et déporté; des gignacais déportés, notamment Emile Balaguer et Daniel Alban Guichard.
Alain Croce, adjoint au maire, a rendu hommage à ces 3 personnages. L'élu communiste a retracé le parcours de Marcel Paul, puis celui de Guichard et celui de Balaguer.
Christine Potard a lu avec émotion le témoignage écrit par son père Emile Balaguer, rescapé des camps de la mort, notamment son évasion et son retour sur un char d'assaut.
Gilbert Guichard a retracé ces durs moments vécus par son père Alban, alors travailleur des PTT, employé aux télécommunications dont il sabordait les réseaux comme acte de résistance.
L'émouvante cérémonie s'est terminée par un poème à leur "papi" lu par les arrières petits enfants d'Emile Balaguer suivi de l'interprétation du chant "Nuit et brouillard" de Jean Ferrat, accompagné à la guitare et au chant par la famille Balaguer, enfants, petits et arrières petits enfants.
Un apéritif convivial situé dans le parc près de la mairie a conclu cette cérémonie chaleureuse et émouvante, totalement ignorée par les élus et partisans du Front National. C'est une habitude selon les cérémonies, on comprend pourquoi...
A. C
.......................................................................................................................................................................................................
Extraits du discours prononcé à la Stèle par A. Croce :
"... Au moment où resurgissent en France ou en Europe, les thèses les plus révisionnistes voulant effacer cette partie tragique de notre histoire, il y a quelques semaines à peine, était à nouveau réaffirmé par le fondateur historique du FN « le détail de l’histoire » qu’ont été les chambres à gaz. Il est donc bien de rappeler pour les générations actuelles et futures, cette tragédie vécue qui fait partie de l’histoire sombre de l’humanité. C’est un devoir de mémoire pour ne pas oublier. Jean Jaurès disait « qu’un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. »
La déportation en France, c’est prés de 162 000 déportés, hommes et femmes, répartis en 86 827 personnes, pour la plupart arrêtées par mesure de répression, figurant dans le livre mémorial de la fédération des déportés et 75 721 déportés en tant que Juifs, recensés par Serge Klarsfeld dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, dont il faut rappeler que seuls 3% sont rentrés.
... le régime collaborateur de Vichy qui envoyait dans les camps, les résistants politiques, socialistes, communistes, progressistes, homosexuels, tziganes et ce, quelle que soit leur nationalité.
Marcel Paul a été trouvé enfant le 12 juillet 1900 dans le 14 ème arrondissement de Paris où il avait été abandonné, il travaille à l'âge de 13 ans, Il milite à 15 ans dans les Jeunes Socialistes, contre la guerre. Il occupera d’importantes fonctions syndicales, au poste de secrétaire général de la Fédération des services publics CGTU. En 1932, il est violemment agressé à la sortie d'une réunion syndicale du personnel soignant de l'Hôtel Dieu. Une infirmière qui l'accompagne, Edmée Dijoud, est tuée. Il sera élu communiste aux élections municipales de 1935 dans le 14e arrondissement de Paris.
En 1939, fait prisonnier, il s'évade deux fois. Il rejoint la Bretagne, où il organise les premiers actes de résistance, puis revient à Paris. Il est arrêté en novembre 1941. Il est ensuite transféré à la prison de la Santé. Jugé en février 1943 par la section spéciale, il est condamné à quatre ans de prison. À l'été 1943, il est transféré, avec d'autres détenus, à la centrale de Fontevraud. Livré en février 1944 aux Allemands, Marcel Paul tente une nouvelle fois de s'évader. Il est déporté le 27 avril 1944 à Auschwitz, où un matricule lui est tatoué. Le 14 mai, il est transféré à Buchenwald avec les hommes de son convoi.
Dans le camp, il devient l'un des chefs de la Résistance clandestine ». Il sauve ainsi de nombreux déportés français, dont Marcel Dassault, ingénieur, entrepreneur, homme politique de droite. A sa sortie des camps il n’arrête pas ses activités.
En octobre 1945 il crée avec le colonel François Henri Manhes adjoint de Jean Moulin, la FNDIRP et cela pour témoigner au nom de victimes des camps
Nommé ministre de la production industrielle le 21 novembre 1945, dans le gouvernement de Charles de Gaulle, où il restera un an à ce poste. Le 2 décembre 1945, il vote la nationalisation de la Banque de France et des organismes de crédit. Le 27 mars 1946, il propose la nationalisation de l'énergie et organise la création d'EDF - GDF, qui est votée le 8 avril 1946. En novembre 1946, il est élu député à l’Assemblée Nationale.
Voulant se consacrer plus totalement à sa mission syndicale, il démissionne de son mandat de député le 20 avril 1948.
Il est nommé officier de la Légion d’honneur en avril 1982. À l'issue de la cérémonie du 11 novembre 1982, place de l’Etoile à Paris, il est pris d'un malaise fatal. Il meurt chez lui quelques heures plus tard.
Daniel Alban GUICHARD, né le 29 décembre 1910 à Gignac-la-Nerthe fut Résistant et déporté. Adjudant, opérateur radio à l’aérodrome d’Aulnat près de Clermont Ferrand, il était chargé du matériel de transmission sous contrôle allemand et à ce titre a volontairement envoyé des messages erronés. D’une famille de gauche, il est arrêté et interné le 4 juillet 1944, il a été déporté au mois d’août à Buchenwald sous le matricule 78.477. Il a ensuite été transféré à Halberstadt où il est resté du 6 octobre 1944 au 12 avril 1945. Après un passage à l’Hôpital américain, il est rentré à Paris le 6 mai 1945.
En 1956, Daniel Alban Guichard a reçu la Médaille de la France libérée pour sa participation à la Libération de la France. La médaille militaire lui a ensuite été attribuée, accompagnée de la Croix de Guerre avec Palme.
Nous lui rendons hommage ce matin en présence de sa famille et de son fils Gilbert, conseiller municipal.
Emile Balaguerest né le 12 avril 1922 à Toulouse. Il a 5 ans quand avec sa famille, ils s’installent à Gignac La Nerthe. Ses grands parents y sont venus travailler pour la construction du tunnel du Rove. En janvier 1941, il se rend à son travail, à l’aéroport de Marignane, il a alors un peu plus de 18 ans lorsqu’il est arrêté. Il est jugé au Fort St Nicolas à Marseille par un tribunal d’exception et condamné à 5 ans de prison et 10 ans de privation de ses droits civiques. Le motif : membre des Jeunesses Communistes, il distribue avec des jeunes, des tracts subversifs pour refuser d’aller dans les camps de jeunesse. C’était déjà un des premiers actes de la Résistance française.
Il est transféré à la centrale d’Eysses, réputée pour le combat mené à l’intérieur même de la prison par les résistants. Les prisonniers s’entretenaient physiquement en faisant des exercices pour pouvoir tenter ensuite de s’évader.
Il sera transféré à Compiègne dans un autre camp où il restera 3 jours et 3 nuits sans nourriture. Il ira ensuite à DACHAU, il fut transféré par la suite dans d’autres camps dont celui d’Allach- Untermenzing, nom d’un des 25 secteurs de la ville de Munich. Au total, il fera 3 ans et demi de prison en France et un an à Dachau et à Allach où il y avait une terrible maladie, le typhus. Il reviendra en France en mai 1945. Tout le monde à Gignac le croyait mort, ses parents aussi. Les Jeunesses communistes de Gignac avaient été dissoutes par la collaboration.
Emile a raconté avec émotion le retour dans sa famille un jour de bal à Gignac, son accueil en gare par le maire communiste de Gignac, Célestin ARIGON, dont il deviendra par la suite un élu au conseil municipal.
Emile resté fidèle au PCF, se souvenait de tout. Au collège Petit Prince il donnait des conférences sur la déportation pour les jeunes.
La jeunesse, c’était pour lui une obsession permanente. Il était soucieux de leur avenir, inquiet du développement des idées xénophobes, racistes et fascisantes, toujours aussi vivaces. Rappelons-nous ce que disait Berthold Brecht,
« Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde. »
Nier ou vouloir oublier encore aujourd’hui les moments terribles de l’humanité, c’est courir le risque de leur résurgence. Comment ne pas rappeler ici, en cette date anniversaire centenaire, la reconnaissance attendue par tout un peuple, pour que le gouvernement turc reconnaisse enfin 100 ans après, le génocide arménien de 1915 qui fit 1 500 000 victimes ?
Se souvenir, c’est ne pas oublier, c’est reconnaître pour permettre la réconciliation, c’est construire un avenir meilleur..."
17:37 Écrit par poutargue dans Alain a écrit, localité, National | Commentaires (0) | Lien permanent | Facebook |
01 avril 2015
ELECTIONS DÉPARTEMENTALES 2015. LES ÉLUS DU FRONT DE GAUCHE.
176 points d’appui pour l’alternative à gauche
Alors que nombre de cantons et de départements ont été emportés par la droite lors du vote de dimanche, le Front de gauche a résisté au courant qui a entraîné les candidats PS vers de nombreuses défaites confirmant la sanction du premier tour à l’égard de la politique gouvernementale. « Le Front de gauche compte 176 conseillers départementaux en métropole, dont 166 PCF et apparentés. Le PCF et le Front de gauche sont donc la troisième force politique en termes d’élus, derrière l’UMP-UDI, le PS, et loin devant le FN », a dénombré hier, dans un communiqué, le Parti communiste, qui y inclut les 13 conseillers de Paris qui siègent aussi au titre du conseil départemental. Ce sont près de trois quarts de ses candidats en lice pour le second tour qui ont été élus. Sur 123 cantons, où une candidature du Front de gauche a été recensée par le secteur élection du PCF, pour ce second tour, il l’a en effet emporté dans 90, soit dans un peu plus de 73 % des cas.
« Face à la droite nous l’emportons dans 74 % des cantons »
« Nous avons un peu moins d’élus à l’issue de ces départementales », reconnaît Jacques Chabalier, en charge de l’organisation au PCF, qui dénonce « un redécoupage des cantons qui a mécaniquement entraîné cette perte, pour l’essentiel ». Avant le 22 mars, le Front de gauche comptait, en effet, 234 conseillers généraux sortants, relève l’historien Roger Martelli sur Regards.fr, dont 220 membres du Parti communiste ou apparentés. « Le Front de gauche avait des élus départementaux dans 61 départements ; ils sont désormais dans 37 départements, soit 24 de moins, pour l’essentiel perdus dès le premier tour », ajoute l’historien communiste, qui note dans le même temps une entrée du Front de gauche au « conseil départemental de l’Aveyron et de la Lozère ». Certes, le PCF et ses alliés ont perdu la majorité et la présidence de l’Allier face à la droite locale, mais le tout s’est joué à 48 voix dans un seul canton, quand l’histoire du département est celle d’une bascule régulière de droite à gauche et vice versa. Et alors que le Val-de-Marne était partout annoncé perdu avant le premier tour, la majorité de gauche l’emporte avec 18 élus du Front de gauche, 7 du PS, 2 divers gauche et 1 EELV .
Si ces résultats sont le signe d’une « bonne résistance », selon les dirigeants des forces du Front de gauche, le contexte n’en est pas moins jugé inquiétant. « Le paysage politique est très difficile au lendemain de cette élection marquée par un fort succès de la droite, une implantation du FN et une chute de la gauche. Mais nos résultats montrent plus qu’une bonne résistance », estime Jacques Chabalier. « Le résultat confirme la tendance du premier tour. Avec nos 9,4 %, voire 11,9 % sur les cantons où nous avions des candidats, on sentait bien que c’était surtout le PS qui subissait une défaite historique et que les candidats du Front de gauche tenaient bien leur rang », juge également Éric Coquerel, le coordinateur du Parti de gauche. « Nous avons avec le Front de gauche des points de résistance à la gauche du PS, mais globalement le résultat est un échec cuisant qu’il faut d’abord imputer à la politique gouvernementale », souligne pour sa part Clémentine Autain, au nom d’Ensemble.
Dans ce contexte, l’autre fait notable est à chercher du côté des duels avec le Front national. Dans les 46 cantons qui ont opposé l’extrême droite aux binômes dont au moins une composante appartient au Front de gauche, ces derniers l’ont emporté dans 43 de ces seconds tours. Dans le Nord par exemple, le PCF emporte ainsi les 5 cantons où le parti des Le Pen lui faisait face, affichant un score allant de 51,4 % à 58,66 %. De même, dans les 20 triangulaires de l’Hexagone qui opposaient le Front de gauche à la droite et l’extrême droite, il en emporte 15. « Ces résultats contredisent les théories fumeuses qui laissent penser que l’électorat FN viendrait de nos rangs », se réjouit Éric Coquerel. « Face à la droite nous l’emportons dans 74 % des cantons et dans plus de 90 % face au FN. C’est la preuve que nous avons su être bons rassembleurs », ajoute Jacques Chabalier.
Quant aux alliances que le Front de gauche avait nouées, avec un rassemblement inédit et des candidatures communes avec Europe Écologie-les Verts, Nouvelle Donne ou encore des militants du mouvement social et associatif, elles pourraient être le signe d’un retour « à un certain dynamisme », estime Éric Coquerel, malgré les désaccords stratégiques qui ont marqué l’entre-deux-tours (le PCF appelant au rassemblement de la gauche pour faire barrage à la droite et l’extrême droite, le PG refusant tout rapprochement avec le PS). « Mais il ne faut pas se rendormir sur nos lauriers, au contraire, il faut s’en servir pour rassembler plus largement », insiste le dirigeant du PG. Un avis cette fois unanime même si le débat reste ouvert. Quand Clémentine Autain prévient qu’il s’agit maintenant de « réussir à faire converger les nombreux appels » de ces derniers mois pour une alternative à gauche, Jacques Chabalier souligne « le défi d’ouvrir une voie nouvelle à gauche » dans une période post-électorale marquée par la « surdité du gouvernement, qui appelle à un élargissement de sa majorité sans rien revoir de sa politique »
15:26 Écrit par poutargue dans National | Commentaires (0) | Lien permanent | Facebook |
04 mars 2015
Le Front National et ses propos nauséabonds ...
Le Front national
vide son sac d’ordures
Oui, il existe un « danger » Front national que la gauche – et cette partie de la droite qui ne l’a pas nourri de l’abandon de ses valeurs républicaines – doit reconnaître. Mais il ne suffit pas de crier au 21 avril pour inciter au vote utile, comme le font certaines écuries médiatiques et politiques qui, du coup, dédouanent les exécutifs, national et locaux, quand c’est leur absence de réponse politique à la crise économique et sociale qui fait le lit de l’empire Le Pen. Le danger, encore pointé hier par le secrétaire national du PCF, réside autant dans ce que le parti d’extrême droite ne dit pas clairement de ses projets antisociaux que dans ce que ses candidats révèlent, le plus souvent sur des réseaux sociaux utilisés comme déversoir d’une haine débordante. Que sait-on de la volonté des candidats frontistes de réserver le RSA aux « Français d’abord » ? Que dit le parti de Marine Le Pen sur la suppression de la clause de compétence générale des départements ? Des généralités, rabâchées lors de « formations » parisiennes auxquelles sont tenus de participer (sous peine d’être mal vus de la direction nationale) les candidats frontistes aux élections. Ainsi, au fil des articles de la presse régionale, visibles sur les sites des fédérations FN, les expressions « défense de nos départements » ou « sauvegarde du département » sont servies ad nauseam, alors même que la politique de la collectivité n’est que très rarement expliquée. Témoin cet article, fin janvier dans la Voix de la Haute-Marne, qui note que le binôme frontiste pour le canton de Chalindrey, Fabienne Millot et Gérard Terrillon, a « bien du mal à s’exprimer » sur les sujets départementaux : « Il va falloir qu’on soit un peu plus informé sur le sujet » ; ou encore : « J’aimerais connaître un peu mieux les tenants et les aboutissants », répondent-ils à propos de projets pourtant connus... Quant aux propositions déclinables, il leur aura fallu attendre l’édition d’un tract national, hier, rappelant un certain nombre de mesures, dont la « lutte contre le communautarisme dans les structures départementales en charge de la petite enfance » : « interdiction des signes religieux »... « comme le voile à la crèche », « respect de la laïcité », « refus du prosélytisme »... « islamiste ». On avait déjà lu ça quelque part.
Rien de nouveau qui justifie que le Front national se retrouve ainsi au centre du jeu médiatique, préalable plus que conséquence à sa position centrale dans le jeu politique. Pour un parti qui a su élargir son électorat en jouant sur son côté attrape-tout, l’essentiel n’est pas d’ailleurs de clarifier ses positions. Marine Le Pen l’a bien spécifié le week-end dernier devant un parterre de candidats FN : l’enjeu principal de cette élection tient au renforcement de sa présence.
C’est un « concours Lépine de l’abomination »
Lors de la convention Départementales 2015 de son parti, Marine Le Pen a motivé son auditoire, poussant les 7 648 candidats frontistes répartis dans 1 912 cantons à « dépasser la barre des 20 % », un seuil « fracassant » à atteindre pour, dit-elle, « influencer la politique menée dans les départements ». Quitte pour cela à ne pas être trop regardant sur les profils des candidats. Marine Le Pen l’avoue : « Ça n’a pas été facile, mais nous y sommes arrivés. » Pour boucler ses binômes, le FN de Haute-Loire a recruté six membres d’une même famille. Dans le canton d’Aubière (Puy-de-Dôme), le parti est allé chercher Pascal Bardin, condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir tenté d’écraser un piéton en mars 2014 : « J’ai voulu donner une leçon de morale à un bon petit Français, un Guadeloupéen, qui traversait en dehors du passage piéton », se défendait-il sur France 3 Auvergne. Parmi l’armée de candidats FN qui ne brillent ni par leur finesse ni par leur idéal républicain, combien passeront à l’acte ? Car les VRP locaux de la marque Le Pen ne font pas dans la dentelle, comme le rappelait le Parti communiste français lors d’une conférence de presse, hier. C’est un « concours Lépine de l’abomination », lâchait le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles, commentant les déclarations insoutenables de candidats frontistes ou assimilés sur les réseaux sociaux. Un condensé de propos « délictueux, racistes, xénophobes, haineux », dont la mise bout à bout suscite écœurement et indignation. Certains (dans l’Aude) appellent à des « battues » anti-arabes, rappel des ratonnades des années 1970 et 1980 dans les foyers et campements des ouvriers immigrés. D'autres, à l’instar de Jean-Christophe Vee, dans l’Yonne, singent le « parler arabe » : « Nike ta mere raciste na din moumouk assedic caf » (sic). Racisme tout court, racisme social et pour finir, homophobie, comme en témoigne ce message sur Facebook de Roger Dohen, candidat dans le canton de Marck (Pas-de-Calais) : « Le mariage = un homme une femme. Ils en veulent toujours plus ses PD » (sic)… Dans un message vidéo du 27 février, le député européen FN, Gilles Lebreton, avait pourtant mis en garde : « Du militant de base à notre présidente, en passant par nos candidats et nos élus, nous devons tous êtres exemplaires. Nous devons rester calmes, résister aux provocations, toujours privilégier la prise de décisions réfléchies aux coups de gueule. » Savoureux, a posteriori…
À chaque jour son lot de déclarations scandaleuses
« S’ils sont élus », les candidats frontistes auteurs de ces propos « ne participeront pas aux groupes du Front national », promettait Marine Le Pen lors du 12-13 de France 3, dimanche. On peut en douter, car à ce jour, seuls Guillaume Jambard, en Gironde (« Travail, famille, patrie »), Alexandre Larionov, dans l’Aveyron (les « Juifs », une « race parasite » qui « merrite » (sic) une « mort cruelle ») et Thierry Brésolin, en Ardèche (« Marine, tu es la réincarnation d’Hitler. Toi, tu vas nettoyer la France ») sont officiellement sous le coup d’une exclusion. Ce qui d’ailleurs ne les empêchera pas de voter, voire de siéger aux côtés des élus FN, comme l’a longtemps fait le conseiller régional du Rhône Alexandre Gabriac (1). Pour les autres, la commission de discipline du parti d’extrême droite n’est pas près de se réunir. C’est que, malgré cette loi des séries qui voit chaque jour son lot de déclarations scandaleuses, « trop nombreuses pour qu’on avalise leur caractère anecdotique », selon le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, et qui « participe à la multiplication des actes antisémites et islamophobes », Marine Le Pen nie toute escalade. L’héritière de la haine familiale estime que « 99,99 % des candidats font un sans-faute ». La « dédiabolisation » est en marche.
13:56 Écrit par poutargue dans Infos côte bleue, localité, National | Commentaires (0) | Lien permanent | Facebook |
13 janvier 2015
SOIRÉE D'HOMMAGE A CHARLIE HEBDO AU SIÈGE DU PCF.
Pierre Laurent : « Contre la haine, nous visons l’unité populaire pour les libertés »
Place du Colonel-Fabien, à Paris, l’heure était encore au recueillement hier soir. Au siège du PCF, les traditionnels vœux de début d’année devaient ainsi se transformer en « une soirée placée sous le signe de la paix et de la fraternité », en un moment d’hommage aux victimes des attentats. Parmi eux, certains étaient des amis, des compagnons de route de longue date. C’est en présence des familles de Charb, Wolinski et Tignous mais aussi de membres de l’équipe de Charlie Hebdo comme Patrick Pelloux, que le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, devait prononcer son discours.
« Ce soir, nous les communistes, nous pleurons des amis proches, des camarades de combat, qui donnaient souvent par leurs dessins bien plus de force que n’en sont capables nos discours », devait-il saluer alors que les murs du conseil national du PCF avaient été couverts des toiles que Charb, Tignous, Coco avaient réalisées en direct au stand national des communistes de la Fête de l’Humanité 2013 avec Lardon, Louison, Lulu Inthesky et Duchemin. Et le dirigeant communiste de se remémorer l’un ou l’autre de ces souvenirs : « Je n’oublierai aucune de nos rencontres, Charb, mon camarade. Surtout pas celle, traditionnelle, de la Fête de l’Humanité, où tu voulais toujours qu’on fasse une photo, toi le poing levé, à côté du chef du parti, ton “patron” me charriais-tu, histoire que personne n’oublie où était ton cœur de combat », devait-il raconter.
« Et maintenant ? Si nous sommes Charlie, il faut que nous poursuivions l’esprit de Charlie Hebdo », prévenait l’invitation à cette soirée qui mêlait hommage et vœux d’avenir commun. Recueillement donc. Mais aussi détermination. Détermination à « nourrir l’émotion de la réflexion ». « Ce n’est pas Charlie qui sentait le soufre, c’est notre monde. Ne regardons pas ce qui s’est passé comme un événement isolé », a invité Pierre Laurent, citant quelques-uns des événements des « quinze derniers jours » : « un grillage qui cerne un banc public », les « bateaux de migrants » laissés à l’abandon, « le refus d’inhumer un bébé rom », la « médiatisation à outrance du livre de Houellebecq »… Autant d’éléments de ce « climat nauséabond » duquel il faudrait se « désintoxiquer » en conjuguant dans « la République la liberté avec plus de fraternité et de justice sociale ». « Ce que nous visons, c’est une “unité nationale des citoyens” » Au lendemain de « l’extraordinaire riposte du peuple français » avec les marches de ce week-end, il s’agit pour le sénateur de Paris de « conforter cet élan, car l’attaque contre les libertés va reprendre très vite ».
C’est cet élan populaire, entre « hommage », « attachement à la liberté de la presse » et « volonté de vivre ensemble », que le dirigeant communiste a tenu à saluer car cette mobilisation « n’allait pas de soi » dans un contexte où « les déclarations racistes de responsables politiques se banalisent ». Loin des tentatives « d’instrumentalisation déjà à l’oeuvre », le message de Pierre Laurent devait être clair : « Ce que nous visons, c’est une “unité nationale des citoyens”, une affirmation populaire commune pour les libertés, contre la haine, la violence, les racismes et les discriminations, et non “une union sacrée des partis”, qui n’existe d’ailleurs pas. Entre citoyens comme entre partis, nous voulons le libre débat démocratique, républicain. Ni l’union sacrée, ni la guerre. »
D’ailleurs, « l’attitude déshonorante qui a été celle du Front national » devait être fustigée par le secrétaire national du PCF. À l’heure où l’ancien président UMP Nicolas Sarkozy entonne le refrain de la « guerre de civilisations » et où le premier ministre actuel, Manuel Valls, évoque de plateau télé en studio de radio un « ennemi de l’intérieur », c’est à « rester Charlie » aujourd’hui et demain qu’a invité Pierre Laurent. Et « rester Charlie », devait détailler le sénateur PCF, c’est refuser « un Patriot Act dans lequel la République perdrait son âme », c’est apporter « les moyens (à la presse) de résister à cette dictature financière qui a démoli en quelques décennies nombre de titres de la presse française », c’est « défendre (la culture) contre les politiques d’austérité et contre le Medef » et « des services publics qui font eux aussi le ciment de notre République », « c’est accueillir les étrangers menacés dans leurs pays en accordant le droit d’asile »…
Alors que la marche de Paris a également réuni des « chefs d’État dont la responsabilité dans l’engrenage des guerres et du choc des civilisations est évidente », et tandis que le débat à l’Assemblée nationale doit s’ouvrir aujourd’hui sur la poursuite de l’intervention française en Irak, la question revêt également une dimension internationale pour Pierre Laurent. « Oui, nous devons stopper la menace. Ici en France, en Europe, et au Proche-Orient. Il faut aussi pour cela que la France change de politique extérieure – car en s’arrimant à l’Otan et aux États- Unis, en tergiversant devant les intérêts de puissances régionales comme le Qatar, l’Arabie saoudite, la Turquie et Israël, la France s’interdit de jouer le rôle qui devrait être le sien comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU », a-t-il déclaré.
Un rôle qui commencerait par « reconnaître sans plus tarder l’État palestinien » ou encore, à propos de l’Irak, à contribuer à préparer « une conférence régionale sous l’égide de l’ONU ». Choisir le chemin de la paix ou de la guerre. L’enjeu est à cette hauteur. « Dire que la France est confrontée à une guerre est extrêmement dangereux. C’est volontairement s’enfermer dans le piège tendu par les intégristes, a estimé Pierre Laurent. Eux veulent l’affrontement, nous voulons une société de liberté, de progrès, de paix. »
15:14 Écrit par poutargue dans National | Commentaires (0) | Lien permanent | Facebook |