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29 avril 2015

JOURNÉE DU SOUVENIR ET DE LA DÉPORTATION A GIGNAC LA NERTHE.

 

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Dimanche 26 avril 2015, le 70 ème anniversaire de la Déportation a donné lieu à une cérémonie du souvenir déclinée en deux lieux différents. Le défilé, porte drapeaux en tête, est parti de la place de la mairie et s'est rendu tout d'abord au Monument aux morts dans le vieux cimetière.

 

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Le maire Christian Amiraty est intervenu en rappelant la signification de cette journée du souvenir, afin que les générations n'oublient pas l'horreur de la déportation sous le joug nazi fasciste. Au nom de la Fédération des Déportés, Christine Potard (fille d'Emile Balaguer déporté gignacais) a lu le message national de la Fédération. 

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Le cortège s'est rendu en suite à la Stèle Marcel Paul pour une deuxième cérémonie à la mémoire de Marcel Paul, ancien ministre communiste de la Libération, résistant et déporté; des gignacais déportés, notamment Emile Balaguer et Daniel Alban Guichard.

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Alain Croce, adjoint au maire, a rendu hommage à ces 3 personnages. L'élu communiste a retracé le parcours de Marcel Paul, puis celui de Guichard et celui de Balaguer.

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Christine Potard a lu avec émotion le témoignage écrit par son père Emile Balaguer, rescapé des camps de la mort, notamment son évasion et son retour sur un char d'assaut.

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Gilbert Guichard a retracé ces durs moments vécus par son père Alban, alors travailleur des PTT, employé aux télécommunications dont il sabordait les réseaux comme acte de résistance.

 

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L'émouvante cérémonie s'est terminée par un poème à leur "papi" lu par les arrières petits enfants d'Emile Balaguer suivi de l'interprétation du chant "Nuit et brouillard" de Jean Ferrat, accompagné à la guitare et au chant par la famille Balaguer, enfants, petits et arrières petits enfants.

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Un apéritif convivial situé dans le parc près de la mairie a conclu cette cérémonie chaleureuse et émouvante, totalement ignorée par les élus et partisans du Front National. C'est une habitude selon les cérémonies, on comprend pourquoi...

 

A. C

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Extraits du discours prononcé à la Stèle par A. Croce :

 "... Au moment où resurgissent en France ou en Europe, les thèses les plus révisionnistes voulant effacer cette partie tragique de notre histoire, il y a quelques semaines à peine, était à nouveau réaffirmé par le fondateur historique du FN « le détail de l’histoire » qu’ont été les chambres à gaz. Il est donc bien de rappeler pour les générations actuelles et futures, cette tragédie vécue qui fait partie de l’histoire sombre de l’humanité. C’est un devoir de mémoire pour ne pas oublier. Jean Jaurès disait « qu’un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. »

La déportation en France,  c’est prés de 162 000 déportés, hommes et femmes, répartis en 86 827 personnes, pour la plupart arrêtées par mesure de répression, figurant dans le livre mémorial de la fédération des déportés et 75 721 déportés en tant que Juifs, recensés par Serge Klarsfeld dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, dont il faut rappeler que seuls 3% sont rentrés.

... le régime collaborateur de Vichy qui envoyait dans les camps, les résistants politiques, socialistes, communistes, progressistes, homosexuels, tziganes et ce, quelle que soit leur nationalité.  

Marcel Paul a été trouvé enfant le 12 juillet 1900 dans le 14 ème arrondissement de Paris où il avait été abandonné, il travaille à l'âge de 13 ans, Il milite à 15 ans dans les Jeunes Socialistes, contre la guerre. Il occupera d’importantes fonctions syndicales, au poste de secrétaire général de la Fédération des services publics CGTU. En 1932, il est violemment agressé à la sortie d'une réunion syndicale du personnel soignant de l'Hôtel Dieu. Une infirmière qui l'accompagne, Edmée Dijoud, est tuée. Il sera élu communiste aux élections municipales de 1935 dans le 14e arrondissement de Paris.

En 1939, fait prisonnier, il s'évade deux fois. Il rejoint la Bretagne, où il organise les premiers actes de résistance, puis revient à Paris. Il est arrêté en novembre 1941. Il est ensuite transféré à la prison de la Santé. Jugé en février 1943 par la section spéciale, il est condamné à quatre ans de prison. À l'été 1943, il est transféré, avec d'autres détenus, à la centrale de Fontevraud. Livré en février 1944 aux Allemands, Marcel Paul tente une nouvelle fois de s'évader. Il est déporté le 27 avril 1944 à Auschwitz, où un matricule lui est tatoué. Le 14 mai, il est transféré à Buchenwald avec les hommes de son convoi.

Dans le camp, il devient l'un des chefs de la Résistance clandestine ». Il sauve ainsi de nombreux déportés français, dont Marcel Dassault, ingénieur, entrepreneur,  homme politique de droite. A sa sortie des camps il n’arrête pas ses activités.

En octobre 1945 il crée avec le colonel François Henri Manhes adjoint de Jean Moulin, la FNDIRP et cela pour témoigner au nom de victimes des camps

Nommé ministre de la production industrielle le 21 novembre 1945, dans le gouvernement de Charles de Gaulle, où il restera un an à ce poste. Le 2 décembre 1945, il vote la nationalisation de la Banque de France et des organismes de crédit. Le 27 mars 1946, il propose la nationalisation de l'énergie et organise la création d'EDF - GDF, qui est votée le 8 avril 1946.  En novembre 1946, il est élu député à l’Assemblée Nationale.

Voulant se consacrer plus totalement à sa mission syndicale, il démissionne de son mandat de député le 20 avril 1948. 

Il est nommé officier de la Légion d’honneur en avril 1982. À l'issue de la cérémonie du 11 novembre 1982, place de l’Etoile à Paris, il est pris d'un malaise fatal. Il meurt chez lui quelques heures plus tard.

Daniel Alban GUICHARD, né le 29 décembre 1910 à Gignac-la-Nerthe fut Résistant et déporté. Adjudant, opérateur radio à l’aérodrome d’Aulnat près de Clermont Ferrand, il était chargé du matériel de transmission sous contrôle allemand et à ce titre a volontairement envoyé des messages erronés. D’une famille de gauche, il est arrêté et interné le 4 juillet 1944, il a été déporté au mois d’août à Buchenwald sous le matricule 78.477. Il a ensuite été transféré à Halberstadt où il est resté du 6 octobre 1944 au 12 avril 1945. Après un passage à l’Hôpital américain, il est rentré à Paris le 6 mai 1945.

En 1956, Daniel Alban Guichard a reçu la Médaille de la France libérée pour sa participation à la Libération de la France. La médaille militaire lui a ensuite été attribuée, accompagnée de la Croix de Guerre avec Palme.

Nous lui rendons hommage ce matin en présence de sa famille et de son fils Gilbert, conseiller municipal.

Emile Balaguerest né le 12 avril 1922 à Toulouse. Il a 5 ans quand avec sa famille, ils s’installent à Gignac La Nerthe. Ses grands parents y sont venus travailler pour la construction du tunnel du Rove. En janvier 1941, il se rend à son travail, à l’aéroport de Marignane, il a alors un peu plus de 18 ans lorsqu’il est arrêté. Il est jugé au Fort St Nicolas à Marseille par un tribunal d’exception et condamné à 5 ans de prison et 10 ans de privation de ses droits civiques. Le motif : membre des Jeunesses Communistes, il distribue avec des jeunes, des tracts subversifs pour refuser d’aller dans les camps de jeunesse. C’était déjà un des premiers actes de la Résistance française.

Il est transféré à la centrale d’Eysses, réputée pour le combat mené à l’intérieur même de la prison par les résistants. Les prisonniers s’entretenaient physiquement en faisant des exercices pour pouvoir tenter ensuite de s’évader.

Il sera transféré à Compiègne dans un autre camp où il restera 3 jours et 3 nuits sans nourriture. Il ira ensuite à DACHAU, il fut transféré par la suite dans d’autres camps dont celui d’Allach- Untermenzing, nom d’un des 25 secteurs de la ville de Munich. Au total, il fera 3 ans et demi de prison en France et un an à Dachau et à Allach où il y avait une terrible maladie, le typhus. Il reviendra en France en mai 1945. Tout le monde à Gignac le croyait mort, ses parents aussi. Les Jeunesses communistes de Gignac avaient été dissoutes par la collaboration.

Emile a raconté avec émotion le retour dans sa famille un jour de bal à Gignac, son accueil en gare par le maire communiste de Gignac, Célestin ARIGON, dont il deviendra par la suite un élu au conseil municipal.

Emile resté fidèle au PCF, se souvenait de tout. Au collège Petit Prince il donnait des conférences sur la déportation pour les jeunes.

La jeunesse, c’était pour lui une obsession permanente. Il était soucieux de leur avenir, inquiet du développement des idées xénophobes, racistes et fascisantes, toujours aussi vivaces. Rappelons-nous ce que disait Berthold Brecht, 

« Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde. »

Nier ou vouloir oublier encore aujourd’hui les moments terribles de l’humanité, c’est courir le risque de leur résurgence. Comment ne pas rappeler ici, en cette date anniversaire centenaire, la reconnaissance attendue par tout un peuple, pour que le gouvernement turc reconnaisse enfin 100 ans après, le génocide arménien de 1915 qui fit 1 500 000 victimes ?

Se souvenir, c’est ne pas oublier, c’est reconnaître pour permettre la réconciliation, c’est construire un avenir meilleur..."

17:37 Écrit par poutargue dans Alain a écrit, localité, National | Commentaires (0) | Lien permanent |  Facebook |

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