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23 février 2013

La « zlatanisation » du football.

Par Alain HAYOT, Docteur en Sociologue et Anthropologie, Délégué national à la Culture du PCF, Conseiller Régional à la Région Provence Alpes Côte d'Azur, (groupe Front de Gauche), 

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Les prochains chocs PSG-OM sont l’occasion de s’interroger sur l’évolution du football, sport le plus médiatisé parce que le plus populaire et le plus universel.

Depuis la mainmise du Qatar sur le club de la capitale, les journalistes et les médias, sportifs ou non, sont fascinés par ce nouveau PSG qu’ils voient déjà champion d’Europe.

Ils ont même inventé un nouveau verbe à l’aide du prénom, Zlatan, du joueur vedette acheté à prix d’or Ibrahimovic. « Zlataner » décrirait son style de jeu particulier, alliant une grande technique à une présence physique parfois limite, inspiré des arts martiaux dont il a été un pratiquant. Mais au-delà du style arrogant voire violent du joueur, le verbe « zlataner » nous parle de performance et d’efficacité à n’importe quel prix, au risque de mettre en danger les joueurs adverses. Il ne parle plus de jeu et de compétition saine mais de concurrence sauvage où tous les coups sont permis et tous les moyens sont bons pour gagner.

Ajoutez à cela le recrutement à un prix exorbitant, d’un joueur proche de la quarantaine dont la valeur sportive n’a plus grand chose à voir avec ce qu’il fut : David Beckham est là pour vendre des maillots et surtout pour présenter une vitrine « glamour » et « populaire » au mauvais sens que les tabloïds donnent à ces termes, à un club, le PSG, qui en est dépourvu. En quelque sorte, Beckham est un leurre et un coup marketing.

Ce qui se passe au PSG est la métaphore parfaite du capitalisme contemporain, de ses impostures, de ses violences et des valeurs régressives qu’il tente d’imposer. On ne s’en étonnera pas : le PSG est désormais la propriété d’un Etat, sorte de multinationale riche à milliards grâce au pétrole, qui pratique tout à la fois, un ultralibéralisme échevelé, un fondamentalisme religieux digne du moyen âge, un esclavagisme vis-à-vis de la majorité de sa population, des immigrés surexploités et sans droits. Un pays où les femmes subissent une domination patriarcale totale et un Etat qui a un des taux de production de CO² le plus élevé au monde…

Et pourtant le pouvoir sarkozyste lui a ouvert portes et fenêtres et l’actuel gouvernement va l’autoriser à investir dans nos quartiers et nos cités populaires. Et l’on prétend lutter contre la propagation de l’intégrisme et du terrorisme religieux et des systèmes mafieux qui les exploitent ?

La « zlatanisation » du football, cette mainmise outrancière de l’argent sur le sport fait le lit, dans notre jeunesse, des pires valeurs à l’opposé d’une ethnique humaniste, solidaire et fraternelle que le sport est censé véhiculer. Certes ce phénomène ne se résume malheureusement pas au PSG et même au football. Salaires indécents pour quelques-uns, dopage organisé, corruption avec les paris et les matchs truqués, violences et discriminations, le sport connaît une dérive inquiétante. A l’inverse il est possible, en s’appuyant sur l’école, la vie associative et le bénévolat, sur les valeurs de partage et de démocratie de libérer le sport de la domination de l’argent pour en faire un droit pour toutes et tous. C’est juste une affaire d’émancipation humaine.

21:43 Écrit par poutargue dans localité | Commentaires (0) | Lien permanent |  Facebook |

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