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05 novembre 2013

QUIMPER. SOUS LES BONNETS ROUGES QUELLE COULEUR ?

Divers commentaires vont bon train suite aux manifestations dans le pays breton. qui se sont poursuivies malgré le recul du gouvernement qui a suspendu l'écotaxe décidée alors par le gouvernement de Sarkozy en 2012 entre les deux tours des présidentielles... Pour y voir un peu plus clair sur les enjeux des uns et des autres, ci-dessous l'éditorial du journal l'Humanité qui fait la part des choses. Bien évidemment tous les manifestants n'ont pas les mêmes intentions, ni les mêmes intérêts. On peut comprendre le désarroi réel de milliers de familles, de petites entreprises, d'agriculteurs dans le besoin. Par contre le patronat local (MEDEF), veut maintenir la confusion entre hausse d'impôts et écotaxe. C'est un impôt qu'il doit acquitter LUI et non les ménages. Les groupes agro-alimentaires qui expédient chaque année 700.000 porcs se faire abattre en Allemagne aux confins de la Pologne, qui osent, comme les abattoirs Gad,dont la fermeture le 11 octobre 2013 a entraîné prés de 900 licenciements à Lampaul-Guimiliau (Finistère), proposer des reclassements à leurs salariés en Roumanie, ne veulent pas payer une taxe kilométrique au transport qu’ils pensent avoir du mal à répercuter sur le consommateur.  Les intérêts des uns ne sont pas forcément les intérêts des autres... Il n'en va pas de même sur les hausses programmées de la TVA en janvier prochain qui vont toucher tout le monde, dont les ménages déjà en grandes difficultés. Le rouge des bonnets ne couvre pas les mêmes têtes.

Alain CROCE  

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Une opération camouflage, l'éditorial de Jean-Paul Piérot (HUMANITE)

le 4 Novembre 2013

Délocalisations de productions, fermetures d’entreprises, dumping social, productivisme ruineux… tout ce cocktail explosif charrie un ras-le-bol social qui n’était pas absent, loin s’en faut, de la manifestation de Quimper. Des salariés y étaient venus, animés par une volonté de défendre un emploi qui leur échappe, de continuer à vivre et travailler au pays où ils se sont endettés pour bâtir la maison familiale.

Et pourtant, pour nombre de ces manifestants, comment ne pas avoir ressenti une impression de confusion mêlée de malaise quand sourd l’étrange suspicion d’être manœuvrés à la vue, dans le cortège, de patrons peu connus jusqu’à présent pour leur proximité avec le mouvement social ou leurs sympathies pour les revendications ouvrières, arborer quasiment la posture de délégués syndicaux. Comment ne pas s’étrangler de rage ou éclater de rire devant le spectacle carnavalesque du député UMP Le Fur coiffé d’un bonnet rouge fustigeant une écotaxe pour laquelle il avait voté en son temps, sous le règne de Nicolas Sarkozy ?

C'est peu dire que la démonstration qui s’est déroulée dans le chef-lieu du Finistère était hétéroclite. À la vérité, sur fond de désespérance et de colère sociale aveuglante, les forces qui portent des responsabilités éminentes dans les difficultés qui assaillent des milliers de familles de salariés ont réussi, au moins l’espace d’un week-end, à se livrer à une opération de camouflage et à réduire la portée du ras-le-bol social à celle du « ras-le-bol fiscal ». En d’autres termes, à tenter d’entraîner des salariés et des chômeurs, des familles qui galèrent dans les marges de la pauvreté, dans leur combat égoïste pour les allègements fiscaux. On serait tenté de dire aux leaders du Medef, de la FNSEA et à la droite bretonne : chapeau, les artistes !

La manœuvre peut sembler grossière, car il n’est pas besoin d’être grand clerc pour constater que la taxe poids lourds n’a pas grand-chose à voir avec les problèmes d’emplois chez Alcatel, PSA ou Carl Zeiss, ni pour remarquer que ceux-là mêmes qui portent le bonnet rouge des allègements fiscaux sont à l’origine de la crise du système productiviste dans le secteur agroalimentaire qui a appauvri les petits producteurs et jette à la rue les salariés sous les coups de la concurrence. De nombreux salariés, syndicalistes, qui témoignent dans ces pages ne sont pas dupes et dénoncent les dangers d’une alliance contre nature entre le loup et l’agneau. C’est ce qu’a exprimé le rassemblement de Carhaix, organisé à l’appel de la majorité des syndicats et de la gauche.

Le ciment qui a pu agréger une partie des salariés et des familles populaires à la croisade anti-impôts des plus riches n’est autre que la déception massive d’électeurs qui avaient voté pour François Hollande en mai 2012 dans l’espoir d’un changement qui n’est venu ni maintenant ni après. Selon le sondage Ifop publié dimanche, ce n’est pas d’abord une nouvelle gouvernance ni une équipe gouvernementale remaniée que réclame l’opinion, mais un changement de politique. Une partie des forces de gauche en est depuis longtemps convaincue, au Front de gauche bien sûr, mais aussi au sein des écologistes et dans la gauche du PS. François Hollande, particulièrement visé lors de la manifestation de Quimper, serait bien inspiré de porter son écoute à bâbord, s’il veut éviter de nouvelles rafales et pas seulement en Bretagne.

11:27 Écrit par poutargue dans Alain a écrit, National | Commentaires (0) | Lien permanent |  Facebook |

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