15 août 2014
70 ème ANNIVERSAIRE DE LA LIBÉRATION DE LA PROVENCE.
Provence, l’autre débarquement
Il est deux heures du matin, ce 15 août 1944, lorsqu’un commando de la Roméo Force escalade la falaise du cap Nègre, près de Bormes-les-Mimosas dans le Var, pour y détruire une batterie ennemie. Comme l’adjudant-chef Noël Texier, premier mort de la bataille de Provence qui s’engage alors, tous les soldats de cette force spéciale sont français. Ce geste fait par les Américains, qui n’avaient permis qu’à 177 Français de débarquer, le 6 juin précédent, en Normandie, récompense l’opiniâtreté politique du général de Gaulle, enfin reconnu comme le véritable chef de la France combattante.
S’engouffrer dans la vallée du Rhône pour cisailler la Wehrmacht
De février 1943, qui marque le tournant de la guerre en Europe avec la victoire soviétique de Stalingrad, jusqu’en avril 1944, où il va pouvoir donner l’ordre au général De Lattre « d’assumer en temps utile le commandement des troupes françaises appelées à débarquer sur les côtes Sud de la France », l’homme du 18 juin va ferrailler pour que la « France libre » soit l’un des artisans importants de la victoire attendue sur le fascisme, prélude à une recomposition géopolitique de la planète. Elle s’esquisse à la conférence de Téhéran (novembre-décembre 1943), durant laquelle Staline obtient l’ouverture d’un second front à l’Ouest. Les stratèges américains qui, depuis la conférence de Québec (août 1943), ont dans leurs cartons un projet « d’invasion » du nord de l’Europe (l’opération Overlord en Normandie) proposent de le compléter par l’opération « Anvil » (Enclume). Il s’agirait, pendant que se déroule « Overlord », de fixer des forces ennemies dans le sud de la France avant de s’engouffrer dans la vallée du Rhône pour cisailler la Wehrmacht. De Gaulle approuve et propose que l’armée d’Afrique soit aux avant-postes de cet autre débarquement. Churchill, au contraire, va combattre ce plan, le qualifiant de « lourde erreur stratégique ». En fait, l’objectif principal du premier ministre britannique est de prendre de vitesse les Soviétiques dans la dernière ligne droite vers la victoire finale et de contrer les mouvements de résistance communiste en Grèce et en Yougoslavie. C’est pourquoi il préconisera, jusqu’à début août 1944, un renforcement de l’offensive alliée en Italie afin d’atteindre au plus vite, d’une part, Berlin en passant par l’Autriche, d’autre part, le cœur des Balkans. Mais, après le choix de la Normandie pour Overlord, c’est le président Roosevelt, dans l’intérêt bien compris du capitalisme américain conjugué à d’impérieuses nécessités militaires, qui tranchera pour un second débarquement en France, au plus près des ports stratégiques de Toulon et de Marseille. Dès lors, le projet Anvil devient l’opération « Dragoon » (Harcèlement). Qui paye, notamment, les équipements de l’armée « gaulliste » commande : c’est le général US Patch qui est chargé des opérations terrestres. Elles sont précédées de nombreuses missions de reconnaissance aérienne (Saint-Exupéry y trouvera la mort, le 31 juillet 1944) et d’intenses bombardements anglo-américains qui affaiblissent l’ennemi mais, de Nice à Avignon, atteignent cruellement les civils. C’est ainsi, par exemple, qu’à Marseille on relève 1 400 morts et on compte 15 000 sinistrés suite aux passages, du 25 au 27 mai 1944, des « forteresses volantes ». La propagande pétainiste tente d’exploiter ces drames. En vain, car la population provençale, qui manque de tout, jusqu’au pain quotidien, est à bout. Depuis le 6 juin, elle n’a qu’une hâte, être libérée à son tour. Les maquis se renforcent et se mobilisent à fond durant les semaines précédant le débarquement, annoncé, le 14 août, par ce message de la BBC à la Résistance : « Le chef est affamé ! » Les 100 000 Américains, Anglais, Canadiens et Français qui, transportés par les 1 300 péniches utilisées en Normandie, débarquent le lendemain matin sur 18 plages entre Saint-Raphaël et Hyères, les 5 600 parachutistes alliés, largués près de Draguignan, ont aussi faim de victoires. Les plus revanchards sont sans doute ceux de la 1re DFL (division française libre) qui ont eu l’honneur d’engager en premier les combats dans le golfe de Saint-Tropez (qui feront 370 morts dans leur camp) et qui veulent, coûte que coûte, effacer l’humiliation de mai 1940. Ils constituent le fer de lance de l’armée B, qui comprend également deux divisons blindées, deux divisions d’infanterie marocaine (2e et 4e DIM), une division d’infanterie algérienne (3e DIA), une division de tirailleurs sénégalais (9e DIC) ainsi que des forces spéciales (notamment commandos de France et tabors marocains). Au total, 260 000 hommes qui, après le succès foudroyant du débarquement, vont irrésistiblement bouter l’Allemand hors du Sud, libérant, avec l’apport décisif de la Résistance, Toulon et Marseille, dès le 28 août, avant d’aller vers le nord « tendre la main », selon l’expression du général Eisenhower, à leurs camarades d’Overlord. Près d’un an plus tard, cette réussite de l’opération « Anvil-Dragoon » est une raison de plus qui permet à la France, représentée par le général de Lattre, de siéger à part entière à la table des vainqueurs face aux nazis défaits, le 8 mai 1945. Mais, en ce jour de fête pour les peuples libérés, la répression s’abat, à Sétif, sur une manifestation pacifique d’Algériens. Parmi eux, sans doute se trouvait-il des proches de ces tirailleurs du 7e RTA qui se sont battus au corps-à-corps pour rendre, intacte, la « bonne mère » aux Marseillais…
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Le 23 août 1944, la libération de Marseille.
Les combattants des FFI pendant la libération de Marseille. Source : SHD
Le 22 août, le 7e RTA est au Plan de L'Aigle, tandis que le GTM du colonel Le Blanc ferme la route d'Aix. Aubagne, Géménos, ont été le cadre de violents accrochages. Les Tabors du général Guillaume encerclent Marseille. Le 23, le 7e RTA et les résistants lancent les combats dans la ville insurgée. Une tentative de pourparlers avec le commandement allemand n'aboutit pas. Le 25 août, 3e et 7e RTA, CCI, FFI, avancent vers Notre-Dame de la Garde.
Libération de Marseille. Eléments du 3e R.T.A. acclamés par la population marseillaise. Source : SHD
Les pertes sont sévères, mais les points d'appuis ennemis tombent peu à peu. Le 27 août, le 1er Tabor marocain s'empare du fort Saint-Nicolas.
Libération de Marseille. Progression des goumiers marocains à Marseille. Source : SHD
Le 28, le général de Monsabert reçoit du général Schaeffer, commandant la 244e division allemande, l'acte de capitulation.
Ce même jour, à Toulon, l'amiral Ruhfus se rend au commandant de la 9e DIC. La capture des deux grands ports s'est faite avec un mois d'avance sur les prévisions. Marseille et Toulon vont jouer, jusqu'à la victoire, un rôle précieux pour le ravitaillement des armées alliées : plus de 900 000 hommes, 4 millions de tonnes de matériel, y transiteront.
Parallèlement, dans l'arrière-pays, les forces de la Résistance ont pris l'offensive : par des sabotages, des actions de guérilla, les maquisards harcèlent la retraite ennemie. Les Français vont pouvoir rejoindre les Américains et entamer la poursuite de la XIXe armée allemande : dès le 15 août, des éléments de la lre DB ont atteint Avignon.
Aout 1944. Libération de Marseille. Le maréchal de Lattre salue les combattants. Source : SHD
Le 23 août 1944, les troupes de Libération parvenaient dans la cité phocéenne. Les résistants y avaient déclenché une insurrection populaire plusieurs jours auparavant.
Les résistants marseillais appellent à la grève insurrectionnelle. La CGT clandestine, dirigée par des résistants communistes, avait déjà impulsé des grèves de masse en mars et mai 1944. Un nouvel appel est placardé sur les murs de la ville : « Citoyens de Provence, l’heure de l’action a sonné. Tous au combat pour la lutte de libération nationale. Déposez vos cahiers de revendications et déclenchez la grève générale insurrectionnelle… » Le comité départemental de Libération, où se mêlent communistes, socialistes, cégétistes, syndicalistes chrétiens, organise le soulèvement populaire contre l’occupant nazi.
Des barricades sont dressées en des lieux stratégiques : sur la place Castellane, le boulevard Baille, la Canebière, à la Belle de Mai, place d’Aix… la ville est paralysée, l’instabilité pousse les troupes d’occupation à se replier dans les forts Saint-Jean et Saint-Nicolas, Notre-Dame de la Garde et dans les îles. Tandis que la population apporte un soutien enthousiaste aux résistants de l’intérieur, les troupes françaises du général de Montsabert se dirigent vers Marseille.
Avant leur arrivée, lundi 21 août, la préfecture tombe. A la Capelette, la foule d’insurgés prend la direction de la place Félix-Baret et converge avec d’autres cortèges vers la préfecture occupée depuis le matin par le Comité du Front national de libération. A 16h40, au-dessus d’une marée humaine, un immense drapeau est déployé.
Mais les affrontements se poursuivent. Le lendemain, les Francs tireurs luttent pied à pied contre les soldats allemands.
Le 23, les troupes françaises et alliées entrent dans la cité phocéenne. Il faudra quatre jours de combats pour réduire définitivement les poches d’occupants nazis. Le rôle joué par les troupes coloniales recrutées par la France libre est important. Ainsi, Notre-Dame de la Garde est libérée par des tabors marocains. Endoume et Saint-Antoine auront été parmi les derniers quartiers libérés. (D'autres villes des Bouches-du-Rhône de Ceyreste, à celles de la Côte Bleu seront libérées du 23 au 28 août.)
Le 28, les troupes allemandes capitulent. Fruit des efforts conjugués de la population marseillaise et des troupes du débarquement, la Libération totale de la ville de Marseille est acquise. Dès lors, les forces de la Résistance et le commissaire régional de la République, Raymond Aubrac, nommé par le gouvernement provisoire de la République française, s'atèle au redressement du système productif. La cité phocéenne est libre mais il faut encore gagner la guerre. Paris sera libérée le 25 août...
Sources: extraits archives de La Marseillaise.
UNE CÉRÉMONIE OFFICIELLE AURA LIEU A
GIGNAC LA NERTHE LE 23 AOÛT 2014
(11 H 00) PLACE DE LA MAIRIE.
17:04 Écrit par poutargue dans International, National | Commentaires (0) | Lien permanent | Facebook |
11 août 2014
GIGNAC. BILAN DU GLTD SUR LES ZONES AGRICOLES.
La procureure du parquet d'Aix-en-Provence, Mme Moyal, vient de faire le bilan de l'action menée sur la commune de Gignac La Nerthe pour la reconquête des terres agricoles. Celles-ci avaient été délaissées pendant plusieurs années par la municipalité précédente, laissant le mitage se développer, accordant des compteurs "provisoires" d'ERDF, en faisant ainsi une zone de non droit. Ainsi le GLTD - Groupement Local du Traitement de la Délinquance - après plus d'un an d'activité (voir article La Provence du 7 août, ci-dessous) a affiché un bilan plus que satisfaisant, auquel les services municipaux (urbanisme, police, notamment) ont grandement contribué à réaliser. La plaine de Châteauneuf - Gignac, représente un enjeu de reconquête, que la précédente mandature de la communauté urbaine MPM avait décidé de mener au travers de l'élaboration d'un SCOT (schéma de cohérence territoriale). Réimplanter une véritable agriculture avec des circuits courts, cela reste un enjeu d'aujourd'hui sur une des rares zones encore exploitables de la CUMPM.
Alain CROCE
15:38 Écrit par poutargue dans Alain a écrit, localité | Commentaires (0) | Lien permanent | Facebook |
01 août 2014
JEAN JAURES. 100 EME ANNIVERSAIRE DE SA MORT (31 JUILLET 1914 - 31 JUILLET 2014)
L’assassinat de Jean Jaurès a lieu trois jours avant le début de la Première Guerre mondiale.
Raoul Villain assassine le leader socialiste le vendredi 31 juillet 1914 à 21 h 40, alors qu’il dîne au Café du Croissant, rue Montmartre, dans le 2 ème arrondissement de Paris, au cœur de la République du Croissant (quartier des concentrations de la presse à Paris), à deux pas du siège de son journal, L'Humanité. Il tire deux coups de feu : une balle perfore le crâne du célèbre tribun et l’autre se fiche dans une boiserie. Jaurès s’effondre, mortellement atteint.
Son meurtre met un terme aux efforts désespérés qu’il avait entrepris depuis l’attentat de Sarajevo pour empêcher la déflagration militaire en Europe. Il précipite le ralliement de la majorité de la gauche française à l’Union sacrée, y compris beaucoup de socialistes et de syndicalistes qui refusaient jusque-là de soutenir la guerre. Cette Union sacrée n’existe plus en 1919 lorsque son assassin, Raoul Villain, est acquitté le 28 mars. Le transfert des cendres de Jaurès au Panthéon, avec plus de 100 000 personnes qui l'accompagnent, en 1924, souligne une autre rupture politique intervenue au sein de la gauche, entre communistes et socialistes (création du PCF en 1920).
Depuis de longs mois, voire des années, la presse nationaliste et les représentants des Ligues « patriotes » (comme Léon Daudet ou Charles Maurras de "l'Action française", extrême droite) s’étaient déchaînés contre les déclarations pacifistes de Jaurès, son internationalisme, et le désignaient comme l’homme à abattre, en raison de son engagement passé en faveur d’Alfred Dreyfus. Les déclarations de ce type abondent dans les semaines précédentes.
« Dites-moi, à la veille d’une guerre, le général qui commanderait […] de coller au mur le citoyen Jaurès et de lui mettre à bout portant le plomb qui lui manque dans la cervelle, pensez-vous que ce général n’aurait pas fait son plus élémentaire devoir ? »
Maurice de Waleffre dans "L'Echo de Paris" du 17 juillet 1914.
"S'il se trouve un général qui commande à un caporal et à trois hommes de troupe de coller au mur Jaurès et de lui mettre le plomb qui lui manque dans la cervelle, croyez-vous qu'il faudra le regretter ? Non, et je l'y aiderai". (Un éditorialiste du journal "Paris-Midi).
Maurras le royaliste de l'Action française, (futur collabo pétainiste, aint-sémite, pendant la 2 ème guerre mondiale) appelle à tuer Jaurès, Charles Péguy, hélas grand écrivain et ami du député de Carmaux, aussi...
Il y eu toute une meute pour armer le bras du tueur...
Jacques Brel dans son interprétation hommage à Jaurès, interrogera:
"Dans les rêves qui montaient aux cieux, des quelques ceux qui refusaient de ramper jusqu'à la vieillesse, oui notre bon Maître, oui notre Monsieur.
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès.? "
Aujourd'hui, à l'heure où tous reconnaissent "la boucherie" de la guerre de 14-18, toutes les récupérations possibles et interprétations diverses de la pensée de Jaurès, tant par la droite, que par l'extrême droite, de la gauche "bien pensante" et autres, tentent de faire parler Jaurès en 2014...
Lisons le quand il dit:
"C'est nous qui étions fidèles à la véritable pensée marxiste, lorsque dans la crise des libertés françaises, nous avons défendu la République contre tous ses ennemis."
Jaurès dans République et Socialisme, 17 octobre 1901.
Le journal L'Humanité dont il a été le fondateur lui a rendu un vibrant hommage hier. Au travers de ses pages, on (re)découvre l'humaniste visionnaire internationaliste qui disait:
"qu'il n'y a qu'un moyen d'abolir la guerre entre les peuples, c'est d'abolir la guerre économique".
Combien de conflits dans le monde seraient aujourd'hui évités ?
Alain CROCE
Vidéo du PCF "Jaurès, réveille-toi, ils sont devenus fous !"
Beaucoup se disputent l'héritage de Jean Jaurès et singulièrement le gouvernement qui mène pourtant une politique à l'inverse de ce que furent ses combats.
Que penserait Jean Jaurès s'il revenait parmi nous, cent ans après son assassinat ? Quelle serait sa réaction en constatant qu'un président socialiste a renoncé à toutes les valeurs de la gauche ? Qu'aurait-il pensé du Pacte de responsabilité, de l'austérité généralisée, etc ?
Le Parti communiste français vous propose de le découvrir dans sa nouvelle vidéo : "Jaurès, réveille-toi, ils sont devenus fous!"
10:54 Écrit par poutargue dans Alain a écrit, International, National | Commentaires (0) | Lien permanent | Facebook |