08 octobre 2013
LAMPEDUSA. DE LA HONTE... ET DES RESPONSABILITES.
Le drame qui vient de se produire à 500 mètres du rivage de Lampedusa ravive les consciences, heurte l'humanité toute entière avec un grand H.
Oui, le pape a eu raison de dire que c'était une "vergogna" (une honte) pour qualifier un drame inadmissible en 2013. L'Italie a décrété un deuil national pendant que les dirigeants européens, dont la France, sont restés étrangement silencieux devant une telle tragédie, plus de 300 morts ou disparus, à peine 150 survivants. Des milliers de migrants tentent ces dernières années de gagner les rivages de l'Europe, via l'Italie ou Gibraltar. Des milliers de morts jonchent ces trajets empruntés par des hommes, des femmes et des enfants qui traversent la Méditerrannée avec l'espoir de trouver une vie meilleure. Tout cela à cause d'état de guerre, d'instabilité des régimes en place, de la mal vie ou de la misère. Ce nouveau naufrage en Méditerranée, au-delà de la honte, est révoltant.
Inclinons nous devant ces dépouilles innocentes qui ne demandaient qu'à vivre, qui n'aspiraient qu'à une vie meilleure et qui ont perdu la vie. Mais ne fermons pas les yeux devant ce nouveau drame.
Fermer nos rives, ériger des fortifications dans une Europe repliée sur elle-même qui comme disaient certains "ne peut pas accueillir toute la misère du monde", n'empêchera pas la recherche d'un espoir meilleur si on ne règle pas les problèmes là où ils se situent dans des pays meurtris ou exsangues.
A cet égard, la responsabilité de l’Union Européenne mais également de la France, est écrasante. Que vont faire les 28 ministres européens aujourd'hui réunis ?
Comment penser qu'une telle catastrophe relève de la fatalité dans une des mers les plus fréquentées du monde.
Comment comprendre que des "navires de tous types croisant au large des côtes d’Afrique du Nord et particulièrement dans le détroit de Sicile ne respectent pas la tradition maritime de sauvegarde de la vie en mer et refusent de porter assistance à des réfugiés" comme le dénonce la CGT des marins qui interroge:
"Doit-on faire une relation avec la déréglementation maritime qui fait que l’écrasante majorité des navires croisant dans ces eaux sont conduits par des équipages sans droits, directement menacés en cas de retard de livraison, quelle qu’en soit la cause, de perte de leur travail ? Sans compter les multiples tracasseries administratives à l’arrivée pour les responsables des navires ? La communauté internationale, les gens de mer, ont su sauver des milliers de « boat people » vietnamiens..."
Le capitalisme qui est toujours financier comme son nom l'indique, n'a ni âme, ni patrie, seulement des bénéfices pour des profits toujours plus gros. Comment ne pas faire de rapprochement avec les morts du Bangladesh, des milliers d'enfants utilisés par les multinationales ou grands groupes, victimes eux-aussi d'une autre façon de cette avidité meurtrière.
Autant de questions qui méritent des réponses politiques en France, en Europe, dans le monde. C'est urgent pour ne plus que la honte ou la compassion seulement s'expriment.
Alain CROCE
17:42 Écrit par poutargue dans Alain a écrit, International | Commentaires (0) | Lien permanent | Facebook |
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