Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15 mai 2013

L'ANI adopté au Sénat. Dominique Watrin, sénateur communiste: "le gouvernement a gâché l’alternance"

dominique-watrin.jpg

 

 

Les sénateurs ont approuvé la dernière version du texte dit de « sécurisation de l’emploi » par 169 voix contre 33. Les sénateurs socialistes et radicaux, mais aussi la grande majorité des centristes ont voté pour le projet de loi. L'UMP s'est abstenue ainsi que les écologistes. Le CRC (communiste) a été le seul groupe à voter contre. Le projet de loi retranscrit dans la législation l'accord national interprofessionnel (ANI) conclu en janvier. Dominique Watrin, sénateur PCF, nous donne son analyse politique.

Pourriez-vous rappeler en quoi vous considérez ce texte nocif?

Dominique Watrin. On appelle ce texte sécurisation de l’emploi, mais il sécurise en fait les licenciements et les employeurs, et fait porter le poids des ajustements économiques aux salariés. Il faut mesurer la régression que représentent les accords de maintien dans l’emploi : par le chantage à l’emploi, les salaires pourront être baissés jusque à 1,2 fois le Smic. C’est encore plus grave que les accords emploi-compétitivité de Sarkozy, qui n’était jamais allé jusqu’au bout de sa démarche. D’autres dispositions sont extrêmement inquiétantes. Même le rapporteur socialiste de la commission des Lois avait fait part de ses craintes quant au raccourcissement des délais de prescription. Il avait noté que cette disposition donne moins de droits aux salariés qu’aux créanciers de l’entreprise. Et la rapporteuse de la commission du Droit des femmes, la socialiste Catherine Génisson, a pointé l’idée que la précarisation de l’emploi rendue possible en offrant des dérogations sur les temps partiels constituerait une forme de discrimination indirecte compte tenu que ces emplois sont très majoritairement occupés par des femmes.

Les débats en première lecture ont fait monter la tension entre le gouvernement et une partie de la gauche, particulièrement avec votre groupe. Quel bilan en tirez-vous?

Dominique Watrin. Les plaies sont vives. Quand on voit un texte aussi important dont le débat est raccourci à ce point, avec une procédure, le 44-3 (qui bloque les votes sur les amendements – NDLR), utilisée de manière inédite : Sarkozy avait utilisé le même article au bout de 10 ou 15 jours de débats sur les retraites et contre son opposition. Là, le gouvernement l’a utilisé contre un groupe de la majorité sénatoriale au bout de deux jours de débats seulement. Il a mis fin à une discussion sur un sujet fondamental. C’est un vrai choix de classe que le gouvernement a fait. Un choix qui nous interpelle, nous qui avons une autre idée de la gauche.

Y voyez-vous une volonté durable de recentrage du gouvernement?

Dominique Watrin. Dans la dernière période, nous avons eu l’ANI, le pacte de compétitivité, les privatisations partielles, le projet de loi de décentralisation... Tout cela dessine une ligne politique qui s’éloigne de l’axe de rassemblement qui était celui de la majorité sénatoriale élue en septembre 2011. Cette alternance historique est gâchée par les choix du gouvernement. Oui, un changement de cap est nécessaire pour sortir de la spirale dans laquelle on est entrés. Les ruptures ne sont jamais définitives. Mais quelque chose s’est passé. Quelque chose que nous considérons comme grave. Des messages ont été envoyés au Medef. Sur beaucoup de points on pourrait faire la démonstration que ce texte ne fait que reprendre ses revendications. Nous ne pourrons pas refermer cette page sans que le gouvernement ne montre aujourd’hui des signes forts

22:41 Écrit par poutargue dans National | Commentaires (0) | Lien permanent |  Facebook |

Les commentaires sont fermés.